Claude Wiseler au sujet de la conférence de Copenhague sur le changement climatique

kulturissimo: Quelle position le Luxembourg adoptera-t-il à cette conférence?

Claude Wiseler: Lors de la conférence de Copenhague, l'Union européenne s'exprimera d'une seule voix. Le Luxembourg a tout au long des dernières années soutenu l'élaboration d'une position européenne ambitieuse. C'est ainsi que l'Union européenne s'est d'ores et déjà engagée unilatéralement à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20% d'ici à 2020 par rapport aux niveaux de 1990. De plus, elle s'est déclarée prête à porter cet engagement à 30% pour autant que les autres pays développés s'engagent à atteindre des réductions d'émissions comparables et que les pays en voie de développement apportent une contribution adaptée à leurs responsabilités et à leurs capacités. Lors du récent Conseil européen, les chefs d'Etat et de gouvernement ont par ailleurs affirmé que I'UE assumera sa part du financement public international de la lutte contre le changement climatique dans les pays en voie de développement

kulturissimo: Estimez-vous que les directives de I'UE en la matière sont appropriées et efficaces?

Claude Wiseler: En adoptant une série de directives et règlements communautaires en décembre 2008, I'UE a démontré qu'elle prenait très au sérieux ses engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. A mentionner notamment la directive portant sur le système d'échange de quotas d'émission (EU ETS) concernant le secteur de l'industrie, la production d'énergie et, à partir de 2012, l'aviation. Une décision communautaire définit pour chaque Etat membre et pour les secteurs non couverts par le EU ETS un objectif national de réduction des émissions pour la période 2013 à 2020, et une directive fixe une quote-part des énergies renouvelables à atteindre d'ici 2020.

kulturissimo: Que faudrait-il y ajouter éventuellement?

Claude Wiseler: La position de l'Union européenne en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre figure parmi les plus ambitieuses avancées jusqu'à présent. La décision de réduire sous certaines conditions nos émissions de 30% par rapport à 1990, objectif alors parfaitement en ligne avec les réductions préconisées par la communauté scientifique pour limiter l'augmentation de la température à 2°C par rapport à l'ère préindustrielle et éviter ainsi des conséquences catastrophiques provoquées par le réchauffement global, est destinée à inciter nos partenaires à revoir vers le haut leurs propres engagements. A l'heure actuelle, le seul déficit de la position européenne en vue de Copenhague concerne le manque de clarté quant aux montants du soutien financier que I'UE apportera aux pays les plus démunis pour se protéger contre les conséquences du changement climatique.

kulturissimo: Quelle contribution spécifique le Luxembourg peut-il apporter, afin de contrer les développements négatifs en cours?

Claude Wiseler: Le succès de Copenhague dépendra beaucoup de la capacité de I'UE à rassurer les pays les plus démunis qu'ils ne seront pas oubliés et à convaincre les principaux pays grands émetteurs qu'un accord de Copenhague, sans contribution de leur part en relation avec leurs moyens, ne pourra mener aux réductions des émissions au niveau mondial qui sont indispensables.

kulturissimo: Quels sont les résultats concrets que vous attendez personnellement de la conférence?

Claude Wiseler: Conscient du peu de temps qu'il reste, je pense que nous devons nous concentrer sur ce qui reste possible et ne pas nous laisser distraire par ce qui n'est plus faisable durant les quelques jours d'ici le début de la conférence. Je suis relativement optimiste quant aux chances d'aboutir à un accord. Plusieurs pays dont la Russie, le Brésil et la Corée du Sud ont annoncé ou révisé ces derniers jours leurs objectifs de réduction, respectivement précisé les actions qu'ils comptent entreprendre pour réduire leurs émissions, ceci aussi suite aux démarches faites par I'UE.

Ces annonces augmentent bien entendu la pression sur les pays qui sont restés en retrait comme les Etats-Unis et la Chine. Il est désormais clair que, faute de temps, un instrument juridiquement contraignant avec toutes les dispositions de mise en œuvre est hors de portée à Copenhague. J'estime néanmoins que nous devons aboutir à un accord qui soit politiquement contraignant.

Cet accord devra en tout état de cause préciser les objectifs de réduction des émissions quantifiés de tous les pays développés, les actions en matière de réduction des émissions dans les pays en développement, de même que les moyens financiers additionnels mis à disposition pour la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement. L'accord devra aussi fixer un calendrier précis pour la finalisation du futur instrument juridiquement contraignant.

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